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Prix de Français 2023

à Kérim Berclaz

La vie d’une cathédrale. Organisation spatiale, sociale et religieuse autour de Notre-Dame de Lausanne (XIIIe-XVIe siècles)

 

Kérim Berclaz

 

L’intention de cette thèse est d’étudier le fonctionnement interne d’une cathédrale et des personnes qui l’occupent (clergé et laïcs) sur une longue durée. Le choix de cet ancrage chronologique réside dans des moments de rupture, architecturale et institutionnelle. En effet, le début du XIIIe siècle correspond à peu près au gros œuvre de la reconstruction de la cathédrale dans un style gothique tandis que le début du XVIe siècle marque la fin de l’histoire catholique de cette cathédrale avec l’instauration de la Réforme en Pays de Vaud (1536).

 

Comment vit une cathédrale et comment est-elle organisée ? Quelle place occupe Notre-Dame au sein de la société lausannoise ? Et quelle est sa fonction sociale ? Derrière ces questions sociologiques apparaissent les contours d’une étude qui nécessite de se concentrer à la fois sur un édifice architecturé et sur une société, sur le contenant et le contenu. Cette démarche vise à proposer une étude sociale de cette cathédrale, en analysant comment s’organise une société au sein de son Eglise. Comme toute cathédrale, celle de Lausanne doit être conçue comme un dispositif qui doit fonctionner à tous les niveaux. Elle n’est en effet pas qu’une « machine à prier Dieu ». Au-delà de cette dimension liturgique, qu’il est d’ailleurs difficile à reconstituer à Lausanne, des points de vue multiples doivent être pris en compte. Notre-Dame de Lausanne assume plusieurs fonctions : église-cathédrale ordonnée et gérée par un personnel religieux, église-mère qui accueille les habitants de la ville et du diocèse cherchant à s’agréger à l’institution, église de pèlerinage enfin, qui nécessite de penser l’architecture en fonction des pèlerins et d’un culte marial qui prend son essor entre le milieu du XIIe et le début du XIIIe siècle. Considérer ces fonctions diverses, c’est ouvrir l’analyse à des problématiques architecturales, spatiales, administratives, humaines, etc. C’est l’objectif que poursuit cette thèse.

 

Organisée autour d’une vaste documentation administrative, préservée des Bernois, et inscrite dans le sillage des études d’art sur la dialectique entre architecture, art et liturgie dans une approche historique et sociale, cette thèse a pour volonté d’offrir un point de vue le plus complet possible de la vie d’une cathédrale au Moyen Age, sous ses différents aspects. Elle s’articule en quatre parties thématiques (approche fonctionnelle du bâti, construction identitaire de la Vierge « de Lausanne », organisation interne du quotidien de l’édifice, étude des fondateurs et donateurs de la cathédrale), qui toutes reposent sur une première partie réflexive consacrée aux sources et à l’historiographie. Plus qu’une entrée en matière qui permet de situer le sujet, cette première partie constitue la clé de voûte indispensable aux différentes thématiques analysées. Une analyse particulièrement fine des sources permet ici d’historiciser et de contextualiser un corpus sur lequel repose l’étude. Elle explicite la raison de son existence et la manière dont se constituent des archives, en lien avec l’histoire de l’institution.

 

Cette analyse socio-spatiale de la cathédrale met en lumière les temps forts et les moments de rupture de son histoire. Elle fait vivre une communauté ecclésiale dans son Eglise, mais aussi dans sa ville et dans son diocèse. En arrière-plan ressort systématiquement le culte marial lausannois, fil rouge duquel prend racine l’ensemble des thématiques étudiées : pèlerinage, dévotion et identité lausannoise. En définitive, cette thèse permet de mettre en évidence un système, la vie d’une cathédrale, en observant de près une communauté dans son église.